En tant que créatrice de bijoux utilisant des perles de Tahiti et d'Australie vendant principalement sur les plateformes de vente en ligne, je me promène souvent sur internet. Si de nombreux créateurs proposent des perles de Tahiti véritables, beaucoup - sur Etsy ou ailleurs - n’hésitent pas à vendre de fausses perles à des prix bien sûr très attractifs. J’ai donc décidé d’approfondir vos connaissances sur les perles pour que vous ne vous fassiez pas avoir !
Que sont les perles d’imitation ?
Les perles d’imitation sont des “perles artificielles et manufacturées”.
En tant que telles, elles n’ont aucune valeur de gemme. La perle d’imitation peut être faite à partir du verre, de la céramique, de coquille, de nacre concassée ou même de plastique. Ensuite, elle est enduite de vernis coloré et/ou d’autres matières afin de reproduire l’effet d’une véritable perle en cherchant à s’approcher du lustre et de “l’iridescence”.
En France, comme dans beaucoup de pays dans le monde, vendre ces perles sans qu’elles soient parfaitement identifiées en tant qu’imitation est considéré comme une pratique commerciale frauduleuse.
Il y a quelques années, il était facile de reconnaitre des perles d'imitations car elles étaient constituées de billes de verre opalescent recouvertes de plusieurs couches d'essence d'orient (liquide utilisé pour reproduire l'aspect de la nacre sur tous types de produits appelé essence d'orient, car, lorsque sa préparation est bien réalisée, il est censé prendre un aspect et un reflet rappelant les perles d'Orient)., extraites d'écailles de poissons.
Elles se dissolvaient dans un solvant organique (comme l’alcool ou l’acétone par exemple).
L'essence d'orient est parfois remplacée par des produits chimiques, les uns à base de sels de plomb, interdits en France pour des raisons de santé publique, les autres à base de sels de bismuth, ou par des plastiques. Il arrive qu'une bille de nacre soit substituée à la bille de verre : ce produit qui évoque une perle de culture à faible recouvrement permit, il y a quelques années une vaste escroquerie que les marchés d'Extrême Orient.
Les « mabé » ont aussi été imitées par des collages de demi perles d'imitation sur des plastiques imitant la nacre. Aujourd’hui, les perles d'imitation cassent difficilement, (mais s'écaillent souvent) et elles ne glissent plus sous la dent. Le fait de passer la perle sur ses dents est/était un bon test pour apprécier l’authenticité d’une perle. Si elle glisse, c’’est une fausse, si ça rappe un peu, c’est qu’on sent les couches d’aragonite dont elle est faite et que c’est une véritable perle que vous avez en bouche ! Et bien, cet effet là aussi, on arrive à l’imiter.
Comment ne pas se faire avoir ?
Ne succombez pas à des perles à bas prix. Les véritables perles de Tahiti, d’Australie et d’Akoya sont chères, elles ont fait l’objet d’attention et de savoir-faire durant 4 ans environ. Selon les chiffres publiés par le service de la perliculture, sur 100 huîtres greffées, 25 donneront une perle commercialisable, mais seulement 5 seront classées en A. Pour savoir comment on obtient une perle de culture, je vous conseille ce lien vers Futura-Planète.
Scrutez les photos et le descriptions.
Détectez les imperfections (c'est mieux s'il y en a un peu !).
La perle ronde est la plus recherchée et la plus rare des perles de culture de Tahiti. C'est par définition la plus chère. En général, les perles présentent des irrégularités de forme ou de couleur. Donc si vous voyez des bracelets de perles parfaitement rondes et sans défaut - disons 5 perles de 9 mm de diamètre chacune - montées sur de l’argent, le tout proposé à la vente à 80 euros, c’est que ce ne sont PAS des perles de Tahiti, c’est impossible. Même si les vraies perles peuvent avoir une forme sphérique et régulière, il est pratiquement impossible qu'un collier ne soit fait que de perles parfaites. Si vous comptez acheter un bijou dont toutes les perles ont exactement le même calibre et la même apparence, soyez très méfiant. Il peut s'agir de perles d'imitation ou d'un mélange de perles vraies et fausses.
Examinez le lustre de la perle. En joaillerie, la brillance ou le lustre d'une gemme désigne sa façon de refléter la lumière. Il s'agit d'un paramètre important dans l'estimation de sa valeur. Une perle de qualité a un certain prix et doit avoir un éclat pur et briller à la lumière. En regardant de près la surface de la perle, vous devez y voir votre propre reflet.
Observez la couleur. Par son processus naturel de création, la couleur d'une perle est le résultat d'un enchevêtrement de nuances. L'orient d’une perle est une propriété définie par la présence de reflets irisés et changeants à sa surface. Cette complexité naturelle est difficile à reproduire, ce qui permet de reconnaitre une imitation. Si la perle examinée a une couleur franche et sans nuances, il s'agit sûrement d'une imitation. Les perles de Tahiti de couleurs marron, roses, bleu lavande, pêche, etc. ont forcément subies un traitement de couleur. On peut aimer ou pas, mais il ne s’agit en aucun cas d’une perle authentique.
Exigez des précisions. Vous avez eu un coup de cœur pour un bijou de perles de Tahiti ? Assurez-vous que le vendeur ait bien décrit la taille des perles et à quelle catégorie (Supergem, A, B, C, ou D) elles appartiennent car vous pourriez avoir des surprises. Une perle de Tahiti NE PEUT avoir un diamètre inférieur à 8 mm selon les critères d'exigence des Autorités Polynésiennes.
Le poids moyen d’une perle de Tahiti doit être voisin de 1,6 g. Une fois que vous avez les perles en votre possession, il y a d’autres méthodes pour vérifier leur authenticité qui vont de la plus simple à la plus compliquée. Vous pouvez reprendre les premières étapes cirées plus haut puis :
Recherchez des indices au niveau du trou du foret.
En général, les perles sont percées pour être enfilées ou montées sur un bijou. Le trou ainsi réalisé peut vous permettre de distinguer une vraie perle d'une fausse. Examinez les bords du trou du foret. Lorsqu'il s'agit d'une vraie perle, ceux‑ci sont nets et précis, formant un cylindre parfait. En revanche, ils sont plus arrondis et grossiers dans le cas d'une perle d'imitation. Cependant, cette règle n'est pas absolue, car les bords peuvent être émoussés ou irréguliers si la perle, même authentique, est ancienne ou souvent portée. Si la couleur est écaillée autour du trou, il s'agit surement d'un revêtement factice. Le frottement des perles les unes contre les autres use leur couche superficielle et laisse apparaitre le verre ou le plastique sous‑jacent. Cela signifie sans conteste que vos perles sont fausses.
Observez la structure interne de la perle à travers le trou du foret. Munissez‑vous d'une loupe. En général, une perle est constituée d'un noyau (ou nucléus) autour duquel s'est formée la couche de nacre. Ces deux parties sont séparées par une ligne visible à la loupe. Sachez que les perles d'eau douce ne comportent pas de nucléus. Cependant, si la structure interne est totalement uniforme ou si les différentes couches de matériau sont visibles, alors la perle est très probablement fausse.
Recourir à de tests avancés.
Observez votre perle au microscope.
Cela vous permettra de mieux comprendre pourquoi une vraie perle se reconnait à sa texture granuleuse. Un grossissement de 30 fois peut être suffisant, mais il est préférable d'opter pour un grossissement supérieur à 64 fois. La surface d'une perle authentique n'est pas unie. Selon l'importance des défauts, vous pourrez observer une sorte de lacis, comparable à une carte topographique. Les fausses perles ont une surface lisse. Cependant, leur revêtement peut parfois présenter des défauts. Mais ceux‑ci sont trop réguliers pour être naturels.
Comparez vos perles à des gemmes dont l'authenticité est certifiée. Les tests présentés dans cet article seront plus probants si vous avez une référence. Procurez‑vous des perles auprès d'un bijoutier, d'un ami ou de votre propre boite à bijoux pour avoir un élément de comparaison. Dans tous les cas, assurez‑vous qu'elles sont authentiques. Il est évident que vous ne pouvez pas réaliser les tests de frottement sur un bijou qui ne vous appartient pas. Dans ce cas, contentez‑vous des autres tests.
Faites évaluer vos perles par un expert. Si vous avez des difficultés à authentifier votre perle, présentez‑la à un bijoutier ou à un gemmologue. Ces professionnels disposent des outils adaptés et sont entrainés à identifier les vraies gemmes. Il leur sera aisé de savoir si votre perle est vraie et d'estimer sa valeur. Cependant, ce type de service peut être onéreux et son tarif est généralement fixé au cas par cas
Pour les spécimens les plus complexes, demandez une radiographie. L'observation d'une perle sous des rayons X permet d'identifier à coup sûr sa nature. Seul un professionnel saura interpréter correctement la radiographie, mais il est bon d'en connaitre les bases. Une structure avec plusieurs niveaux de gris révèle des différences de densité entre le noyau et la couche de nacre, ce qui signifie que la perle est vraie. Au contraire, un cliché totalement blanc sur un négatif (ou noir sur une épreuve positive) indique que la perle est fausse.
Faites faire un test au réfractomètre. Il s'agit de mesurer la quantité de lumière qui passe à travers la perle. L'indice de réfraction d'une perle est compris entre 1,530 et 1,685. La différence entre ces deux valeurs se nomme la biréfringence, qui est la propriété d'un matériau à dédoubler la lumière qui le traverse. Une perle véritable peut avoir une biréfringence forte (0,155), ce qui lui confère des propriétés optiques particulières. Ces dernières permettront à un expert de déterminer l'authenticité de votre perle.
Vérifiez que la perle est froide. Pour ce test, assurez‑vous que les perles n'ont pas été portées ou manipulées récemment. Si nécessaire, laissez‑les à l'air libre sans les toucher. Prenez‑les ensuite dans le creux de votre main et estimez leur température. Les perles doivent être particulièrement froides avant de s'adapter à la température de votre peau. La sensation est la même que si vous marchiez pieds nus sur un sol en marbre ! Les perles d'imitation en plastique sont à température ambiante avant même de les toucher.
Note : Sachez que certaines perles d'imitation sont conçues dans un verre spécifique qui reproduit la sensation de froid dans la main. Mais elles chauffent moins rapidement que les vraies perles. Le test de la température est donc à coupler avec les autres.
Estimez le poids de la perle. Pour cela, faites rebondir avec précaution une ou deux perles dans votre main. Le poids d'une perle véritable est significatif tandis que celui d'une perle d'imitation est négligeable, surtout si elle est faite de plastique. Si vous sentez à peine la perle que vous tenez dans votre main, elle est probablement fausse. Le test du poids est néanmoins approximatif.
En effet, il est relativement difficile d'estimer le poids des perles de petite taille. Il est donc recommandé de disposer d'un échantillon de perles dont vous êtes sûr qu'elles sont vraies (ou fausses) pour pouvoir comparer. Malgré tout, notez que ce test est relatif et ne suffit pas à déterminer à lui seul la nature d'une perle.
Article sur les arnaques : http://consultation.ladepeche.pf/article/societe/fausses-perles-mais-vraie-arnaque
Sources : futura-sciences.com, netperles.com, gemperles.com, wikihow.com